Mine de Yomboyéli : la vie d’un riverain licencié

Fodé BANGOURA marié et père de trois enfants a été licencié de l’entreprise Ashapora, la société qui exploite la mine de fer au large de son village, Lansanayah. Le contrat à durée déterminée (CDD) dont bénéficiait le jeune d’environ 40 ans est arrivé à terme. Visiblement, l’ex pensionnaire n’était pas moralement préparé à recevoir une information de cette nature. Cultivateur de son état, le résident de Lansanayah et d’autres désormais ex-travailleurs d’Ashapora voient leur monde s’effondrer et n’ont que leurs yeux pour pleurer.

Le visage pas du tout reluisant et les habits vétustes, la tristesse est lisible sur le visage de Fodé Bangoura. Il vient d’être informé de la fin du contrat qui le liait à l’entreprise où il travaillait. Sa note de fin de contrat en main, le jeune homme revient sur les premières heures de l’installation de Ashapora « Quand la société s’était nouvellement installée, elle nous associait à tout ce qu’elle faisait. A chaque fois qu’elle devait poser un acte, elle passait par nos autorités à Layah. Ensemble, ils venaient nous voir avant de faire quoique ce soit. Nous à notre tour, on disait à nos responsables que nous sommes derrières leurs décisions. » A-t-il souligné.

Avant de faire une comparaison entre l’actuelle société Ashapora et l’ancienne Forécariah Guinée Mining (FGM).  « Aujourd’hui, notre souci est que Ashapora ne fait pas comme la précédente. FGM ne pouvait pas faire un mois sans faire de faveur à la communauté. Mais celle qui est là présentement n’accorde aucune attention à la population riveraine que nous sommes. » Déplore-t-il.

L’effet de cette exploitation minière est visible. Fodé Bangoura fait savoir que tous les lieux où travaillaient les habitants de Lansanayah sont aujourd’hui envahis par cette société. Ils n’arrivent plus à faire des activités agricoles qu’ils pratiquaient avant. La boue de la laverie de Ashapora a envahi tous leurs bas-fonds, s’est indigné Bangoura.

A en croire notre interlocuteur, les opérations d’explosion de la mine sont d’autres difficultés vécues par les riverains de la mine de Yomboyéli. Il y a aussi la construction de la cité, Konsondougouyah où doivent être réinstallé les habitants de Lansanayah qui est loin de terminer. « Nous n’avons pas été consultés par rapport à la construction de cette cité. Ils font comme bon leur semble», précise Bangoura.

Ici comme ailleurs, la question de l’emploi préoccupe les citoyens de ce village situé au plein cœur de la mine. Aux dires des villageois de Lansanayah, les jeunes du village qui travaillent au sein de l’entreprise sont très peu. « C’est seulement une seule personne qui travaille à Ashapora actuellement sur les sept (7) habitants de Lansanayah qui y travaillaient. Ils ont mis tous les autres à la porte à cause des contrats à durée limitée. »

Désespéré, Fodé Bangoura estime que ce sont les autorités locales qui doivent expliquer les problèmes que rencontrent les citoyens qui habitent à l’alentour de la mine à la société pour qu’elle puisse comprendre. 

Emmanuel Boèboè BEAVOGUI

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