Le bilan de la première Année du FODEL à Boké: entre acquis et défis

De l’état des lieux des projets sociaux et économiques aux remboursements des fonds alloués aux communes en passant par le nombre de groupements d’intérêt économique jeunes et femmes, le retard dans l’exécution des projets dans certaines communes rurales, le responsible de suivi et contrats au secrétariat permanent du comité d’appui à la gestion du FODEL de Boké (CAGF) dit tout. Pascal Camara s’est prêté aux questions d’Action Mines Guinée dans ce bulletin du mois de juillet 2021. Nous vous proposons l’intégralité de son interview. Lisez…..

Action Mines: Nous avons assisté à la première année de gestion du FODEL dans la préfecture de Boké et vous êtes le maillon centrale de cette gestion. Faites nous un état des lieux de cette première année du FODEL à Boké?

Pascal Camara: Je tiens d’abord à vous remercier pour l’opportunité que vous nous donner en venant vous enquérir des réalités du FODEL de Boké.

Pour cette première année du FODEL, nous avons eu à réaliser beaucoup de projets. Disons que ces projets n’ont pas souffert de leur exécution. Évidemment, dans toutes œuvres humaines il y a des hauts et des bas. Nous n’avons pas atteint le bout du tunnel, mais nous sommes dans le tunnel et nous avançons. Cette année nous avons élaboré un tableau d’analyse et de synthèse des projets sociaux et économiques attribués par les dix communes. C’est-à-dire neuf (9) communes rurales et la commune urbaine qui est Boké centre.

Les projets sociaux il y a eu vingt huit (28) pour toutes les dix (10) communes. Nous avons également vingt huit (28) projets économiques. Ce sont des projets initiés pour générer des fonds au niveau des communes. Lorsque la commune a besoin par exemple de venir en aide aux enseignants contractuels ou aux matrones au niveau des hôpitaux ou financer d’autres projets. Il y a des marchés, des boutiques, des maisons de jeunes, des centres informatiques etc. Donc les deux projets sociaux et  économiques réunis font en tout cinquante six (56) projets.

Les projets jeunes et les projets femmes sont des micros projets en majorité  agricoles (maraîchage et les cultures vivrières).

Le chiffre global des projets jeunes et femmes pour les dix (10) communes est de deux cent seize (216) projets de jeunes et deux cent quarante neuf (249) projets de femmes à ce jour financés bouclés. Pour un total de 465 projets pour les jeunes et les femmes.

Le nombre de bénéficiaires des jeunes est de 7.985 et celui des femmes est de 6.538 bénéficiaires. Ce qui fait un total de 14.523 bénéficiaires dans la préfecture de Boké.

Le comité de suivi des projets FODEL (CSPF) sillonne dans les villages, districts et les secteurs pour recenser les projets. Nous les assistons dans le choix pour qu’ils les montent selon l’esprit du FODEL. Ce sont les porteurs eux-mêmes qui élaborent les projets. Au cas où ils sont dans l’incapacité de monter leur projet, ils font recours au comité de suivi. Le comité de suivi recrute quelqu’un qui se connaît dans le montage du projet. Donc ces projets parviennent au CAGF qui essaie de voir, est-ce que c’est effectivement l’esprit du FODEL selon le manuel de procédure. À travers donc ce manuel, nous sélectionnons les projets et on les valident. Après validation, on met la liste des projets sélectionnés à l’approbation du Président du CAGF.  À son tour, il tient une réunion avec le comité d’appui à la gestion du FODEL pour validation. À l’issu donc de cette validation, il y a une convention qui suit. Cette convention permet de recenser tous les projets qu’on a validé dans un tableau avec le montant.

 Quel est le niveau de mise en œuvre de ces projets ?

Pour la commune urbaine, nous avons la réhabilitation du marché hangar, la construction de 20 boutiques, d’un bloc latrine de six cabines et la réalisation d’un point d’eau amélioré. Tous ceux-ci sont déjà réalisé, mais il y a une extension. Cette extension va se faire dans le fonds qui était alloué à certains projets qui n’ont pas été réalisés. Nous allons réorienter les fonds des projets qui n’ont pas fait l’objet d’une étude préalable et que le financement a été jugés trop élevés par rapport au fonds prévus. La commune a écrit au CAGF pour réorienter ces fonds dans l’extension.

Le premier lot des projets de la commune urbaine est déjà bouclé. Il y a la rénovation de l’école primaire du centre 1 qui est déjà fini. L’aménagement des aires de vente du marché 400 qui est déjà terminé. C’est le deuxième lot dans le cadre de l’extension du marché hangar qui est en cours.

Dans tous les projets de Boké, il n’y a que deux qui ne sont pas totalement terminés. C’est la clôture du cimetière et l’extension du marché hangar.

Globalement tous ces projets sont déjà terminés. La réception définitive est déjà faite pour la majorité des ouvrages.

Vous dites que tous les projets sont déjà terminés. Quand est-il du cas de Dabiss?

Le cas de Dabiss c’est un problème entier. Quand le comité conjoint est venu, c’est ce qu’on les a expliqué. Mais sur dix communes, s’il n’y a qu’une seule qui n’a pas fini, je crois qu’on peut estimer ça à 90%.

C’est vrai que c’est une seule commune qui reste mais compte tenu du montant engagé, il faut y revenir?

C’est pourquoi je vous ai dit que le problème de Dabiss c’est un problème entier. Ils ont à construire deux ponts, un centre culturel dans un des districts et un poste de santé à Houda, mais ces ouvrages ne sont pas fini. Les seuls ouvrages qui sont aujourd’hui terminés et qui sont opérationnels à Dabiss, c’est le grand magasin et les 3 boutiques

Est-ce que vous avez fait une enquête pour comprendre pourquoi ça n’a pas marché à Dabiss?

Nous sommes en train de voir d’abord le premier cas qui concerne les projets jeunes et femmes. C’est la mauvaise information au départ. Nous sommes allés vers le Maire, mais il n’a pas voulu nous comprendre. Malgré tous les efforts qu’on a fourni. Nous avons travaillé main dans la main dans les autres communes, mais à Dabiss, ça été compliqué. A Dabiss, le Maire n’a pas voulu nous écouter. Et c’est la mauvaise compréhension du manuel de procédure du FODEL qui a amené cette mauvaise gestion.

Quelles sont les dispositions prises au niveau du CAGF pour éviter que la même situation se répercute sur d’autres communes?

En 2021, il faut que le Maire de Dabiss trouve solution aux problèmes des projets de 2020 qui sont en souffrance. Puisque nous autres, on ne se reproche de rien. Tous les montants ont été mis à sa disposition. C’est à lui d’expliquer pourquoi il n’a pas exécuté les projets comme les autres communes. Évidemment tout le monde est responsable.  C’est une chaîne, mais le CAGF a joué sa partition.

Nous exigeons la finition des ouvrages de 2020 à la grande satisfaction des bénéficiaires avant qu’ils ne reçoivent 2021. Dans le cas contraire on va proposer au comité conjoint pour que le Maire de Dabiss ne soit pas signataire du compte Fodel si Dabiss doit recevoir le financement de 2021. Parce que à cause de la mauvaise gestion d’une seule personne ou d’un groupe d’individus, on ne peut pas priver toute une collectivité.

Etes-vous d’accord avec ceux qui estiment que certains bénéficiaires ont été choisis sur la base du militantisme?

Je ne crois pas. Ceux qui le disent ne sont pas avec nous, ils ne sont pas avec la commune. Imaginez, la réalité politique ici à Boké, il n’y a que deux communes qui sont supposées être de la mouvance (la commune urbaine et Dabiss). Quand vous prenez Sangarédi, ils ont voté 100% pour l’opposition mais ils ont eu un fonds. L’année passée Sangaredi a eu 3 milliards et quelques. Cette année ils ont 9 milliards. Si on s’en tient au fait que la politique s’ingère dans le FODEL, on allait diminuer.

Le nombre de bénéficiaires est de 14563 bénéficiaire, Sur quelle base vous avez calculé ce chiffre là ?

Ce sont des groupements qui ont les mêmes visions, les mêmes ambitions. Ce sont les nombres des membres de ces groupements réuni qui font les 14.563 bénéficiaires du fonds FODEL à Boké.

Est-ce que les remboursements ont démarré à ce jour?

Ça a démarré dès après le passage du comité conjoint qui était venu s’enquérir des réalités sur le terrain. Nous sommes sortis, on a commencé par Malapouya, là ils sont à 60,63% du recouvrement du montant à rembourser par an. Après nous sommes allez à Bintoumodia  là-bas aussi, ils sont à 65% de remboursement. Il y a Sangarédi aussi qui nous a envoyé un tableau de remboursement qui est aussi à 65,68% du remboursement.

Il faut que nous soyons à leur chevet pour voir est-ce qu’ils disent la réalité. Maintenant pour concrétiser ce que nous faisons, on a élaboré un tableau et on doit le faire accompagner par les quittances de remboursement. Parce que quand les bénéficiaires remboursent au niveau de la commune, le receveur va déposer dans une institution bancaire.

Parlant du renforcement des capacités, est-ce que le manuel de procédure a été respecté ici à Boké ?

Ce n’est pas nous qui renforçons leur capacité. C’est dans la clé de répartition de chaque commune. Il y a 20% pour les jeunes, 20% pour les femmes, 2,5% pour le renforcement des capacités, 3,5 % pour le fonctionnement de la commune et du CSPF, 0,5% pour la communication, la sensibilisation et la vulgarisation et 2,5 % pour les audits. Donc ce sont eux qui sont chargés de ça. C’est qu’avant qu’ils ne viennent prendre leur argent, ils nous envoient une planification pour expliquer l’utilisation du fonds. C’est en vertu de cette planification que nous decaissons l’argent. Avant de revenir prendre une autre somme. Ils amènent la quittance de la somme précédente avec le délai d’exécution et les justificatifs.

Les services déconcentrés ont-ils bénéficiés de leurs pourcentages et est-ce qu’il y a eu un suivi sur l’utilisation de ce pourcentage?

Là il y a un peu de hic. Puisque le gouvernorat a 0,5% à décaisser dans le montant mais pour prendre ce montant il faut également une planification. Et avant de revenir pour un autre retrait il faut un rapport. À date il yen a qui ont déjà fait leur rapport. Il y en a par contre qui disent qu’ils sont en train d’élaborer leur rapport pour nous les les déposer.

Il y a la préfecture qui a 0,75%, le service de l’environnement a 0,5%, les mines 0,75%, il y a les sous-préfets qui ont 0,5%. Tout ça pour que chacun suive le manuel. Donc eux aussi ils ont un droit de regard dans les dépenses de ces fonds là et chacun doit rendre compte.

Quels sont les défis aujourd’hui du CAGF ?

Aujourd’hui le défi c’est de revoir tout. C’est-à-dire que chacun fait son mea-culpa. Le FODEL 2020 quels ont été les atouts, quels ont été les échecs ? Qu’est-ce qu’on devait apporter qu’on n’a pas pu apporter? On les corrige pour voir maintenant comment il faut améliorer en 2021.

Que recommandez-vous?

C’est que chacun doit jouer sa partition par rapport à la clé de répartition. Je demande à tous les acteurs bénéficiaires du fonds FODEL de jouer leur partition pour que le FODEL puisse réussir. Qu’on ne dise pas qu’il y a une structure qui est mise en place par le comité conjoint et c’est la seule structure qui doit veiller.

Non! Les structures politiques à travers leurs structures techniques devraient jouer leur rôle pour qu’on puisse réussir. Mais aujourd’hui j’ai l’impression que c’est seulement le secrétariat permanent ou le CAGF qui sont seulement sujet à la réussite ou à l’échec du FODEL.

Emmanuel Boèboè BÉAVOGUI et M. Oury Bah

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