Kindia : Les redevances produisent-t-elles des impacts positifs sur le niveau de vie des communautés ?

Les redevances payées par les sociétés minières aux localités impactées constituent l’une des principales sources de financement des projets de développement. Au regard des plans annuels d’investissements de ces localités, nous constatons que la quasi-totalité des projets d’infrastructures financés par le budget communal en termes d’investissements proviennent des redevances annuelles. Cet état de fait prouve à suffisance que nos collectivités comptent énormément sur les redevances pour financer les projets de développement communautaires.
Focus sur les localités de Friguiagbé et Mambia dans la préfecture de Kindia
Ces deux localités sont impactées par les activités de la compagnie des bauxites de Kindia(CBK). Elles ont bénéficiées des montants les plus importants de la redevance annuelle versée par la CBK en 2O17 qui s’élève à 3 milliards 45 millions GNF.
Au terme du partage, 670 millions de francs Guinéens sont revenus à Friguiagbé et 423 865 766 francs guinéens à Mambia. Sur ces montants, il a été convenu de financer des projets d’infrastructures dans les deux localités. Globalement, les projets ont portés sur la construction et ou la rénovation d’infrastructures scolaires, sanitaires, religieuses, administratives, électriques, hydrauliques, de loisirs et des marchés….
En visitant ces réalisations, on se rend compte qu’il y’a du travail à faire pour l’amélioration la gouvernance locale en Guinée, notamment la gestion des fonds issus du secteur extractif.
Des infrastructures sont tout de même réalisées pour combler certains besoins primaires qui se dégagent au sein des communautés.
De quelles qualités sont-elles ? Leurs réalisations obéissent elles aux normes en la matière ? répondent-elles aux besoins des communautés ? Les entreprises sont-elles sélectionnées dans les règles de l’art ? L’observation des bâtiments construits nous laisse des doutes sur ces questions.

Les constats sur le terrain révèlent que certaines réalisations présentent des insuffisances tant sur le plan de la bâtisse que sur le plan du fonctionnement, car répondant peu aux besoins des communautés. La qualité physique de certaines infrastructures nous laisse penser à des surfacturations dans nos collectivités, car les infrastructures reflètent peu les montants déclarés.
Au-delà, certains équipements sont réalisés sur ces fonds depuis des années sans qu’ils ne soient opérationnels, présentent parfois des images dégradées avant leur utilisation. C’est le cas du centre de santé construit dans le district de kanty à 17 km du chef-lieu de Friguiagbé. Composé de d’un bâtiment pour les prises en charges des malades, d’un bloc de latrine et d’un puits amélioré, ce centre réalisé pour un montant de 410 millions de francs peine à fonctionner au bénéfice d’une communauté qui en a tant besoin, compte tenu du nombre important d’habitants qui y vivent.
Le manque de personnel médical et d’équipements internes est la principale cause de ce statu quo. Ceci révèle le manque de concertation intersectorielle au sein de la préfecture. Déficit, qui met au grand jour la faiblesse de la planification des actions de développement local. Le service préfectoral de développement (SPD) n’a certainement pas assuré son rôle, qui est d’assister les collectivités en termes d’appui, conseils et orientation, dans la planification et la réalisation des projets de développement à travers un mécanisme de coordination efficace des projets au bénéfice des populations.
Le SPD de Kindia a pourtant eu une allocation de 20 000 000 GNF en 2017, pour jouer son rôle qui est d’appuyer les collectivités.
Le principal constat qui se dégage est que les montants des redevances sont exclusivement utilisés pour la réalisation ou la rénovation des infrastructures de bases écoles, mosquées, centres de santé, etc…. Les investissements ne vont pas dans le sens de la création de richesses locales à travers des projets générateurs de revenus, dans le souci de renforcer le tissu économique local.

Ces zones de Mambia et Friguiagbé ont pourtant d’autres potentialités économiques à valoriser (entrerenariat, agriculture, tourisme, artisanat etc.,,,, ) . Pourquoi n’innove-t-on pas ? Pour assurer une diversification de l’économie locale qui, du reste est rentière de nos jours. Ne veut-on pas changer ce paradigme de dépendance des ressources extractives ?
En changeant cette situation on élargirait l’assiette fiscale de ces localités permettant ainsi de renforcer les recettes communales afin de faire face aux besoins croissants de développement qui suivent la croissance démographique.

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