FODEL 2020: une appréciation mitigée chez les bénéficiaires de Boké, Dinguiraye et Siguiri.

Plusieurs groupements d’intérêt économique (GIE) jeunes et femmes des prefectures minières ont bénéficiés de financements des fonds FODEL en 2020. De déficitaires des prefectures de Boké, Dinguiraye et Siguiri donnent leurs points de vue de la gestion de cette première année d’exercice du fonds de développement économique local (FODEL).

Les fonds du FODEL sont destinés au développement des infrastructures de base, des activités génératrices d’emplois et de revenus, la promotion de l’emploi local, le développement du capital humain, la réalisation des projets d’intercommunalité, le développement de l’économie locale, prévus dans les plans de développement local des collectivités concernées. Dans les préfectures de Boké, Dinguiraye et Siguiri les bénéficiaires ne sont pas unaniment sur la gestion de ce fonds dans leurs localités. Si les uns se réjouissent des retombées du FODEL d’autres par contre fustigent la procédure de répartition des fonds.

Certains groupements ont reçu moins d’argent que la proposition budgétaire et d’autres ont perçu leurs fonds tardivement. Des situations qui ne les permettent pas de réaliser convenablement leurs projets.

Le groupement des jeunes filles de l’espace francophone de la commune urbaine de Boké évoluant dans le maraîchage a reçu un financement de 34 millions de francs guinéens en 2020. Et cet appui a changé beaucoup de choses dans la vie de ses membres.  « Si hier on était habitué à un seul sac par récolte aujourd’hui on se retrouve avec un million, deux millions jusqu’à 5 millions voire une caisse d’épargne. C’est vraiment grande joie pour nous.», Explique Oumar Sané qui ajoute des difficultés liées à la divagation des animaux domestiques et le manque d’eau pendant la saison sèche.

Le Centre NAFA de Kolaboui à bénéficié d’une rénovation et l’équipement d’un atelier d’apprentissage en couture.  « Notre centre a eu dix (10) machines à coudre, des tables-bancs, des chaises et une table à couper et une armoire de la part du FODEL. C’est notre seconde chance. Nous devons faire le sérieux dans ce métier. Nous sommes très contents du FODEL », témoigne Fatoumata DANSOKO, apprenante en couture.

Alseny Diassy, jeune de la commune rurale de Tanènè a bénéficié de l’appui du Fodel. Cet handicapé physique parle de son projet, « j’ai reçu un financement de 35 millions de francs guinéens. J’ai investi une partie dans le salon de coiffure et le commerce où je vends des chaussures et des produits cosmétiques. Je fais également la charge des téléphones et la vente des accessoires de téléphone. L’autre partie j’ai acheté un domaine où je veux faire une plantation d’acajou ».

Devenu entrepreneur grâce au fonds FODEL Alseny Diassy rappelle le changement qu’il a enregistré, « Le FODEL a amélioré beaucoup de choses dans ma vie. À cause de la pauvreté ma femme avec qui j’ai 3 enfants m’avait quitté. Aujourd’hui j’ai eu le fonds FODEL, elle veut revenir mais je n’ai pas accepté. Maintenant mes enfants étudient bien à Conakry et ça va bien chez moi aussi».

Dans la commune rurale de Dabiss, située à 50 km de la commune urbaine de Boké, des bénéficiaires du Fodel dénoncent le mode de financement et de gestion de leurs projets.  « Ils ont évalué notre projet à 18 millions de francs guinéens, mais nous n’avons pas reçu l’argent à temps. Notre groupement n’a reçu que 5 millions. Dans les 5 millions, la banque a soutiré 1 million et le district a pris 500 mille. Il y est resté 3. 500 mille. C’est avec le reste que nous avons acheté les grillages, les houes et la semence pour le champs. Ça été le cas pour tous les 69 groupements jeunes et femmes financés par le FODEL à Dabiss. Aucun n’a reçu son financement entièrement », s’est plein Mamadou Compo, bénéficiaire du fodel à Dabiss.

A Siguirini, dans la préfecture de Siguiri, le nombre élevé de projets a rendu difficile la gestion du fonds alloué à la commune rurale au compte du FODEL en 2020.  « Il y a eu des projets GIE jeunes et femmes qui ont été financés à des montants minimes et cette année ce n’était pas le cas. Par exemple l’année passée on avait 117 projets jeunes et femmes », témoigne  Makan Camara Conseiller à la commune rurale de Siguirini. Il demande à la mairie d’élargir l’appui des groupements aux jeunes des autres districts de la localité qui sont aussi dans le besoin.

Dans la commune rurale de Banora, préfecture de Dinguiraye le financement des projets à contre temps a poussé certains  groupements à réorienter les fonds vers d’autres activités génératrices contraires à celle prévu par les projets. Le Président du groupement dénommé Association des Jeunes Ressortissants et Amis de Banora (AJRAB) en témoigne. « Le montant est venu en retard, parce qu’en ce moment on ne peut pas parler de maraichage et avoir le résultat escompté. Donc nous avons jugé nécessaire d’évoluer dans l’agriculture pour pouvoir bénéficier de l’argent en attendant le bon moment pour le maraîchage. Parceque si le temps de remboursement arrive sans qu’on ait pu tirer de bénéfices, c’est le groupement qui perd. Si nous ne faisons rien avec l’argent jusqu’à la période de remboursement, nous risquons de retourner ce que nous avons reçu sans en profiter», expliqué Moussa Camara Président de l’AJRAB.

Il faut noter que la maîtrise et le respect du contenu du manuel de procédures du FODEL reste un défi pour les membres des comités d’appui à la gestion du FODEL et les autorités des localités bénéficiaires des fonds.

Emmanuel  Boèboè ÉAVOGUI

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