Exploitation artisanale du diamant à Forécariah: immersion dans une mine à Woula

par des exploitants artisans du diamant. Le village à potentialité agricole reçoit pendant la saison sèche des chasseurs de la pierre précieuse. Mais cette chasse ne se fait pas sans difficultés.

Issa Camara, la quarantaine révolue est un habitué des faits. Il a fait cinq ans dans cette activité en Sierra Léone avant de rentrer en Guinée en 2002. Ce travail dit-il,  est très pénible parce qu’il n’est pas mécanisé. Tout se fait à la main.

A travers cette activité saisonnière, Issa arrive tout de même à gagner sa vie. « Je n’ai pas encore pu construire pour moi une maison. Mais je nourris ma famille aux fruits de ce travail. C’est ce qui me motive à faire l’exploitation du diamant », confie-t-il.

Sur le même site où on peut constater des trous béants et des arbres fruitiers et sauvages abattus au profit de l’exploitation du minerai de diamant, plusieurs équipes s’activent.

Souleymane Camara est l’un d’eux. Depuis plus de dix ans, cet adulte court toujours derrière une grosse pierre (jargon, ndlr) qu’il n’a pas encore trouvée. Et pourtant, il ne lui manque pas de courage. Chaque matin, Camara se rend dans son lieu de travail dans l’espoir de trouver cette pierre rare.

« Nous faisons ce travail saisonnier à côté de l’agriculture dans l’espoir d’avoir la chance de tomber sur du diamant. C’est aléatoire, car tu peux creuser deux voire trois carreaux sans rien trouver. Mais l’espoir est là », se console Souleymane Camara.

Même s’il n’a pas atteint son objectif, ce travail l’a permis à  fonder une famille et à subvenir à certains de ses besoins.

Il n’est pas le seul à songer ramasser une grosse pierre de diamant, un jour. Le vice-président de la confédération des orpailleurs de Guinée (CONADO), basé à Forecariah, lui, exerce cette activité depuis plus de quinze ans. Il ne rêve que d’obtenir « une grosse pierre », pour dit-il, pouvoir enfin se reposer. Mohamed Diaby a commencé ce travail à Banankoro. Aujourd’hui, son seul regret est de n’avoir pas encore atteint son objectif. Celui de trouver une grosse pierre au profit de tout le monde. « Parfois c’est très difficile, mais comme j’ai passé la plus part de mon temps dans cette activité, je ne peux pas faire autre chose », se confie-t-il.

Ne l’ayant pas encore trouvé, le responsable des diamantaires à Forécariah déclare : « ma fierté dans cette activité, c’est que je gagne le pain quotidien et j’arrive à soutenir mes enfants à l’école. Je subviens aussi aux besoins de ma famille sans quémander quelqu’un. Bref, c’est grâce à ça que j’ai bâti une maison à Kindia.»

Les contraintes

Les difficultés des différents acteurs rencontrés sur le terrain se résument au manque d’équipements mécanisés pour l’exercice, aux moyens financiers et à l’acquisition des domaines.

« Le principal problème que nous avons dans cette activité, est que nous ne disposons pas des outils nous permettant de pister un espace qui renferme du diamant. Nous ne nous fions qu’aux apparences géologiques », révèle Mohamed Diaby.

Avant de commencer l’exploitation sur un site, le second responsable de la CONADOG explique qu’ils procèdent d’abord à l’identification du lieu de travail. Ensuite ils partent rencontrer le chef coutumier pour que ce dernier mette la terre à leur disposition. « Il faut reconnaitre que ce leurs domaines agricoles. S’ils ont des conditions à poser, ils les posent. Si c’est favorable à nous, on les prend et on informe le directeur préfectoral des mines pour aller faire une parcellisation », explique-t-il.

Pour sa part, Ousmane Camara précise que l’espace qu’ils exploitent a été acheté des mains du propriétaire terrien. « On achète les quatre mètres carrés à 50 000 GNF », clarifie-t-il.  Et Issa Camara d’ajouter : « nous pouvons passer plus de deux à trois mois au même lieu. Quand nous trouvons du diamant, c’est notre patron qui le revend. Après, il nous paye. Et le prix du diamant dépend et de la taille, et de la qualité. »

Alhassane Souaré, est chauffeur de profession. Il est exploitant depuis une douzaine d’années dans les mines artisanales. « Nous la pratiquons de manière temporaire jusqu’à ce qu’on trouve autre chose plus intéressante à faire. Si l’autorité nous crée d’autres opportunités, ça nous ferait plaisir. Mais pour le moment, on est obligé de vivre avec ça », se lamente-t-il.

Ils sollicitent tous auprès des autorités une aide en équipements logistiques pour leur permettre de tirer le maximum de profit de l’activité artisanale du diamant.

Aliou BM Diallo, envoyé spécial à Forécariah

 

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