Boké & Conakry : Action Mines et PCQVP Guinée divulguent les données des rapports ITIE 2016-2017

L’ONG Action Mines Guinée a tenu jeudi 12 décembre à l’institut supérieur des mines et de géologie de Boké une conférence-débat avec les étudiants, encadreurs, acteurs de la société civile et médias. L’objectif était de vulgariser auprès des acteurs, les données des rapports de l’initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE), de 2016 et 2017.

La rencontre qui a mobilisé près d’une centaine des participants a permis aux organisateurs d’expliquer l’importance de ces rapports et les enjeux socio-économiques liés aux industries extractives en Guinée.

Pour 2016 et 2017, les revenus du secteur extractif ont totalisé respectivement, 3 108,3 milliards GNF dont 99,97% proviennent du secteur minier et 0,03% provient du secteur des hydrocarbures et 4 548,2 milliards GNF dont 99,96% proviennent du secteur minier et 0,04% proviennent du secteur des hydrocarbures.

Le Directeur exécutif de Action Mines Guinée, Amadou Bah a expliqué que le but est de faire en sorte que les citoyens soient suffisamment informés sur les politiques publiques en cours de mise en œuvre en Guinée. « Ces politiques, éclaire-t-il, c’est l’ensemble des décisions que le pouvoir central prend dans un secteur pour améliorer les conditions de vie des citoyens ».

Se référant à la contribution du secteur minier aux revenus de l’Etat, le conférencier note un paradoxe entre les annoncent et le vécu des citoyens.

En 2016, le rapport ITIE mentionne que la contribution du secteur extractif dans les exportations était de 97,8% et 78% en 2017. Par contre, la contribution du secteur dans l’emploi était de 5,2% en 2016 contre 0,4% en 2017.

Ce contraste s’explique, selon Amadou Bah, par un « manque de transparence et de redevabilité dans la gouvernance ». C’est pourquoi, a-t-il souligné, que le moment est opportun pour organiser un débat responsable axé sur la mobilisation et la gestion des revenus miniers. Car, « on a l’habitude de dire que la Guinée est un scandale géologique. Mais à côté de ce scandale géologique, il y a un scandale de pauvreté », regrette-t-il.

Après cette mise en contexte, Ibrahima Sory Kourouma, chargé du développement communautaire et mise en œuvre du contenu local de la même organisation a détaillé le condensé desdits rapports. Ibrahima Kourouma indique que l’objectif des rapports ITIE 2016 et 2017 vise à renforcer la compréhension du niveau de contribution du secteur extractif au développement économique et social du pays.

Par la contribution des entreprises de l’Etat, il mentionne que celles opérant dans le secteur extractif ont totalisé un montant de 285,7 milliards GNF en 2016 et 315,3 milliards GNF en 2017 soit une augmentation de 10,36%.

Pour les entreprises les plus contributrices en 2017, il a cité la CBG (26%), SMB (19%), SAG (18%), SMD (5%) CBK (1%).

Fodé Oumar Camara, Etudiant en Licence 2 Mines, dit être satisfait des informations partagées et promet de s’investir. « Nous sommes désormais informés des paiements effectués par les entreprises minières au niveau du pouvoir central et au niveau des communautés. A travers ces informations, j’aimerai m’intéresser à la gouvernance des industries extractives. Parce qu’à partir de ces informations, nous comprenons que ce secteur minier apporte beaucoup à l’Etat », déclare-t-il.

Pour sa part, le président de l’ONG Abadan, acteur de la société civile, Mouctar Diallo est également content de la tenue de cette conférence à Boké. « J’ai eu une très bonne perception parce que ça m’a permis de savoir ce que c’est que l’ITIE, ce que fait l’initiative en Guinée et les informations qu’ils ont pu avoir durant 2016 et 2017. Ça nous a permis de voir les résultats obtenus, connaître les entreprises évoluant sur le terrain et les revenus qu’engendre l’Etat auprès de ces sociétés. Nous souhaitons un changement d’attitude dans la gestion de la gouvernance minière en Guinée, parce que nous constatons qu’il y a beaucoup d’argent qui rentre, mais peu d’impacts positifs visibles », a-t-il recommandé.

L’ex-directeur général de l’Institut de Boké, le Dr Karinka Diawara, a lui souhaité que l’aspect environnemental soit pris en compte dans les prochains rapports ITIE. « Parce que, fait-il remarquer, qui dit exploitation minière, dit destruction de l’environnement ».

Etape de Conakry

Ce samedi 14 décembre, la coalition publiez ce que vous payez (PCQVP) et Action mines Guinée ont animé une seconde conférence débat sur la même thématique, à l’université Roi Mohamed 6 à Conakry.

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Devant la soixantaine des participants, le président de la coalition PCQVP Guinée, le Dr Alpha Abdoulaye Diallo a fait un bref rappel de la raison de la tenue de cet espace d’échanges. Pour lui, l’université est le creuset de la recherche et des débats. « Il y a du sens à produire les rapports si ces rapports peuvent permettre d’engager le débat au niveau des universités pour qu’on puisse faire des analyses approfondies sur les rapports ITIE, mais aussi donner des informations aux étudiants sur le secteur minier, leur parler de la transparence et de toutes les initiatives de la gouvernance du secteur extractif en Guinée », a déclaré e Dr Diallo.

Après deux heures d’échanges, des participants ont dit être informés et outillés sur l’ITIE, le contenu des rapports et des enjeux du secteur. Etudiant en Licence IV, Droit Minier, Camara Ousmane affirme avoir tiré beaucoup de notions sur l’ITIE. « Parce que j’attendais beaucoup des choses à cette conférence. Malgré les énormes potentialités minières dont dispose la Guinée, j’ai constaté que la population ne bénéficie pas beaucoup. Je ne sais pas si c’est dû l’incapacité de l’Etat, sa mauvaise gestion des revenus, la corruption ou la non application des textes régissant le fonctionnement du secteur », demande-t-il.

Un débat médiatique sur la divulgation des rapports ITIE 2016 et 2017 est prévu le 19 décembre prochain à Conakry.

Service de communication Action Mines Guinée

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