Siguiri : Des défis liés à la mise en œuvre du FODEL

Le 1er Vice maire et président du comité de suivi de la mise en œuvre du FODEL à la commune urbaine de Siguiri, Ibrahima Kalil Magassouba, parle dans cet entretien, de la mise en œuvre du FODEL, des défis et perspectives pour un développement local optimal et durable.

AMINES : Parlez-nous de la mise en œuvre du FODEL dans votre commune?

Magassouba : La commune urbaine de Siguiri a connu deux phases dans la mise en œuvre du FODEL, notamment la phase préparatoire et celle de la mise en œuvre des activités. Il y a la remise des chèques avec une clé de répartition établie conformément aux impactes que les communautés sont en train de subir. Cette clé comporte avec précision ce que chaque collectivité doit avoir ainsi que les autres structures impliquées dans la mise en œuvre du FODEL. Notre commune a eu plus de 15 milliards pour les années 2015 à 2018. Il y a 8 composantes : la composante appui aux actions des jeunes 20% du montant (plus de 3 milliards 80 millions), la composante appui aux actions des femmes 20% (plus de 3 milliards 80 millions), les actions économiques de la commune 30% (plus de 4 milliards 621 millions), les infrastructures sociaux de base 21% (plus de 3 milliards 240 millions), le renforcement des capacités 2,5% ( plus de 500 millions), le fonctionnement de la commune 3,5% (près de 540 millions), la communication 0,5% (77 millions et quelques) et le fonds d’audit qui est réservé aux missions de contrôle.

Le consultant est venu former les cadres préfectoraux, les conseillers, les sous-préfets et les receveurs communaux sur le manuel de procédure du FODEL. La commune urbaine a fait une restitution de cette formation à l’ensemble des conseillers.

Ensuite, le comité de suivi des projets FODEL composé de neuf membres (quatre conseillers, deux représentants des jeunes, deux représentantes des femmes et un représentant de la société civile) a été mis en place. Nous avons fait des sensibilisations pour que les gens comprennent c’est quoi le FODEL dans les medias pour éviter la propagation des rumeurs.

La deuxième phase a commencé par l’arrivée d’une mission de Conakry pour le lancement des activités du FODEL. C’est ainsi que nous avons présenté nos actions. Nous avons 117 actions dont 54 pour les jeunes et 63 pour les femmes. Parmi ces actions, il y a la saponification, la teinture, le maraichage, la culture vivrière, l’élevage, la formation, etc.

Par rapport aux actions économiques de la commune, nous avons aménagé 120 hectares à Falama, dans le cadre des projets agricoles et un projet d’assainissement de la ville qui pourrait contribuer à renflouer les caisses de la commune. Pour les actions sociales, nous sommes en train de construire une école primaire (cycle complet) à Roi Hassan II, un poste de santé et un foyer de jeunes à Sambaya Cofoulany, un poste de santé à Kissouadé qui accuse un retard dans la construction à cause d’un différend entre la commune urbaine et la commune rurale de Kintinian.

Sur le renforcement des capacités, nous avons eu des ordinateurs, des motos, et la commune est électrifiée à travers un panneau solaire. Une mission de ministère de l’administration du territoire et de la décentralisation est venue former tous les conseillers sur leurs rôles et compétences. Les jeunes et femmes bénéficiaires ont aussi été formés.

Ce sont entre autres des actions concrètes que la commune urbaine a entreprise au compte du FODEL.

Quelles sont les difficultés que vous rencontrez ?

Le temps trop court octroyé aux communes pour déposer les projets a été une difficulté. Ensuite, il y a la non maitrise des techniques de montage, de gestion des projets par les jeunes et les femmes, et l’absence des documents juridiques, notamment les agréments. Il y a le problème à la banque. Ils ont exigé aux bénéficiaires de s’abonner à une seule banque.

Il faudrait donner la latitude aux jeunes et femmes de pratiquer la banque de leur choix, au lieu de les obliger à utiliser une seule banque primaire.

Les intempéries aussi ont causé des soucis à la mise en œuvre du projet agricole. Là, la forte pluviométrie a joué sur  la production agricole.

Quelles sont vos principales recommandations ?

Nous voulons que les communes aient le temps qu’il faut pour préparer leur plan annuel d’investissement (PAI). Les projets économiques doivent refléter les réalités locales. On avait par exemple prévu de construire  plus de 100 kiosques au marché central de Siguiri. Là, la rentabilité est directe, parce que nous allons les louer aux commerçants directement. Mais on nous a imposé l’accroissement de la production locale et la création de l’emploi. Et c’est ce qui nous a amenés à investir beaucoup d’argent dans le domaine agricole.

Quelle leçon tirez-vous de cette nouvelle expérience ?

 L’appui aux jeunes et aux femmes à travers des fonds revolving crée de l’emploi et de la richesse au niveau local. C’est une bonne leçon. La meilleure leçon est le fait que le FODEL permet aux communautés de comprendre qu’au-delà des pratiques de pollution, les activités minières boostent le développement local.

Je souhaite que les communes trouvent un cadre de concertation pour échanger des expériences et des bonnes pratiques. Organiser des voyages d’échanges pour les conseillers afin de permettre à chaque commune de comprendre les réalités des autres communes et d’en adopter les bonnes pratiques.

Par M. Oury Bah et Aliou Diallo

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