Kolaboui : après les casses, le temps de la reconstruction des édifices

Après les violentes manifestations dans la sous-préfecture de Kolaboui, les jeunes de la localité sont en train de reconstruire les édifices publics vandalisés. Sur une initiative locale, les jeunes reconstruisent les bâtiments incendiés au mois de septembre 2017.

Comme dans les autres localités de la préfecture de Boké, la sous-préfecture de Kolaboui a été touchée par les violentes manifestations des jeunes de la localité au mois de septembre dernier. Les dégâts matériels ont été immenses, notamment les bâtiments publics ont payés la furie des citoyens qui réclamaient les emplois, l’eau et l’électricité.

Vers une prise de conscience !

La manifestation publique est un droit, mais il faudrait le faire sans violence. Les jeunes de Kolaboui ont fait une initiative de reconstruction des édifices vandalisés lors des manifestations. C’est du moins le constat fait par notre reporter sur le terrain. Pour ces jeunes, c’est l’accumulation des frustrations qui a fait que les bâtiments de l’Etat n’ont pas échappé à la hargne des manifestants qui réclamaient une vie décente.

Le préfet de Boké de passage dans la localité a dit aux jeunes que ce sont eux-mêmes qui vont réparer les bâtiments vandalisés lors des évènements, parce que c’est l’impôt de leurs parents qui a servi à les construire. « C’est en ce moment que nous nous sommes données les mains pour amorcer le renouvellement des édifices publics », affirme Sékou Bangoura, responsable de communication du comité de crise de Kolaboui.

Pour lui, cette rénovation coûte cher à la jeunesse de Kolaboui qui puise dans leurs poches pour reconstruire les édifices pillés. Mais poursuit-il, c’est la meilleure des manières de démontrer à tout le monde que la violence ne peut pas résoudre les problèmes et que les jeunes se doivent de protéger le peu d’acquis que nous disposons.

Sur la question de savoir d’où viennent les fonds qui servent à la reconstruction des bâtiments, le jeune Bangoura note que sa structure adresse des lettres de soutien aux résidents et ressortissants de Kolaboui et c’est à travers ces contributions volontaires qu’ils rénovent les bâtiments publics. « C’est à travers ces aides financières et nos propres moyens que nous avons rénové la résidence de Monsieur le sous-préfet et la gendarmerie, parce que les mines attirent du monde. Donc en pleine nuit, il y a des viols, des vols et même des crimes sont devenus récurent, parce que le bâtiment est saccagé. Il y a des commerçants qui ont donnés de feuilles de tôles, de sacs de ciment, du sable et autres matériaux. C’est après tout ça que les gens ont compris qu’il fallait nous aider », raconte Bangoura qui précise qu’aucune autorité encore moins les compagnies minières n’ont contribués à cette action de citoyenneté.

Un acte citoyen

Au-delà de la reconstruction des bâtiments saccagés lors des manifestations, le comité de crise s’active pour sensibiliser les jeunes des différents secteurs de Kolaboui contre les violences et la promotion de la paix. « Nous avons une équipe dynamique de jeunes qui regroupe les personne ressources des 11 secteurs qui sont entrain de sensibiliser la population et la jeunesse particulièrement pour qu’il n’y ait plus jamais de violence à Kolaboui. Le gouvernement a envoyé trois groupes électrogènes pour la desserte en électricité mais il faut savoir que ce n’est pas fini, parce que ce n’est pas tous les secteurs qui ont le courant à cause du manque de poteaux, des transformateurs et de câbles. Mais nous essayons de calmer les citoyens en les expliquant le niveau d’avancement des négociations sur la desserte pour éviter des soulèvements surtout dans les quartiers qui n’ont pas de courant. Le gouvernement parle d’un programme d’urgence de trois mois donc nous sommes derrière ça. Au-delà de ces 3 mois, nous allons encore relancer mais en attendant on fait un suivi en appelant les autorités sous préfectorales et préfectorales pour savoir le niveau d’avancement des points de revendication afin de pouvoir à notre tour informer les jeunes dans les secteurs », explique Bangoura.

La jeunesse de Boké serait-elle mal formée ?

Sékou Bangoura pense que c’est un faux débat. Il prend la défensive et argumente.
« Il y’a une compétence réelle au niveau des jeunes de Boké. Quand vous prenez aujourd’hui les fils de Kolaboui, il y’a des diplômés. Parmi ces diplômés, il y’a des ingénieurs miniers, des aides ingénieurs et autres. C’est-à-dire, ceux qui ont fait les BTS, la maçonnerie et des menuisiers qui ont fait des écoles professionnelles. Donc je ne pense pas qu’il y ait un corps de métiers qui ne se trouve pas parmi nous. Aujourd’hui, les jeunes s’orientent beaucoup plus dans les écoles professionnelles. Quand j’entends les gens dire qu’il n’y a pas de compétence à Boké, cela m’étonne. Je vais vous dire une chose. Quand tu acceptes d’étudier, on te donne ton diplôme et que tu restes assis sans rien faire ça fait mal.

Donc moi je pense que ce discours sur le manque de compétence des jeunes de Boké est un faux débat. Du port de Dapillon à Malapouyah sur 1000 employés, vous ne retrouverez pas 100 ou 200 natifs de Kolaboui qui y travaillent. C’est pourquoi, nous remercions les sociétés de surveillances qui sont en train d’aider aujourd’hui la jeunesse. La seule chose que nous faisons à l’heure-là, c’est la sécurité. Et pourtant on n’a pas étudié pour cela. Si on a accepté d’étudier, c’est pour avoir un bon emploi, mais si vous voyez un jeune qui a fait 5 ans à l’Université devenir agent de sécurité, c’est parce qu’il n’a pas eu le choix ».

Pour la réalisation des points de revendication des jeunes de Kolaboui, le gouvernement parle d’un programme d’urgence de 3 mois, et c’est ce qu’attendent les citoyens de la localité. « Aujourd’hui tous nos efforts, c’est d’éviter d’autres casses chez nous. Estimons qu’avec cette allure nous pourrons éviter d’autres crises à Kolaboui. Notre vision est qu’il n’y ait plus de manifestation violente dans la localité, même après les 3 mois d’urgence », dit-il.

En tout cas, tout porte à croire que cette localité a pris un élan de civisme qui la démarque des autres localités de la préfecture ayant connue les mêmes réalités ou pire encore. L’initiative est saluée par toutes les autorités. Cela fut d’ailleurs l’objet de visite du ministre de la décentralisation qui a tenu à toucher de doigt les efforts consentit par la jeunesse de Kolaboui.

Mariama Barry, envoyée spéciale

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