Fria : une dépravation galopante dans la ville minière

La pratique du sexe comme métier n’est plus un tabou dans la ville minière de Fria. Des endroits où se passe cette pratique sont faciles à désigner même par un simple geste de la main. Mieux, les citoyens en témoignent même dans les causeries d’amis. Lors d’une conversation, un citoyen nous avoué que la prolifération de cette pratique s’explique par la précarité de la vie. Un témoignage qui a aiguisé notre curiosité à infiltrer l’endroit nous passant pour des clients.

L’enquête révèle que le passage avec une fille de ton choix sur place se négocie entre 15.000 à 25.000 GNF. Tandis que la déplacer pour un autre endroit avec garantie du gérant varie entre 100.000 et 200.000 GNF la nuitée.

Selon les confidences, ces prix actuels ne valent rien comparativement à Fria d’avant. Notre équipe de reporter a tenté les deux alternatives. Quant à l’option déplacement, un marché fut conclu à 100.000 GNF pour toute une nuit. Pour des observateurs avertis, trouver une professionnelle de sexe à ce prix à Fria illustre avec eloquence la précarité actuelle de la vie dans la ville minière.

Le terrain se prêtant à notre démarche, nous avons approfondie l’enquête sur une pratiquante. Divorcée et mère de trois enfants, notre interlocutrice justifie sa présence dans ce milieu par des soucis familiaux et la conjoncture. D. M. comme nous avons préféré l’appeler exerce le métier depuis plus de deux ans. Pour elle, les choses vont mieux maintenant qu’avant. « Ça va un peu mieux actuellement à Fria. » Nous confie la voix fine teintée d’un accent étrange à la langue du terroir. « Au bar, on peut avoir jusqu’à trois clients une seule soirée actuellement. Pourtant pendant la crise, on pouvait faire deux soirées on n’a même pas un seul client », affirme D. M.

« Avec la reprise de l’usine on gagne quelques clients pour le déplacement seulement les weekend. Surtout venant de Conakry. » Confirme t-elle.

Certes la pratique n’est pas un fait nouveau à Fria mais c’est la facilité d’accès à des prix abordables qui surprend plus d’un.

À la prolifération du sexe, s’ajoute d’autre travers de la société qui exposent la jeunesse à un avenir incertain. Dans un passé récent et même jusqu’à présent, l’alcool et la drogue se consomment à ciel ouvert dans certains endroits de la ville minière de Fria.

Le directeur préfectoral de la jeunesse, de la culture et des sports a confirmé ce constat avant de se prononcer sur quelques pistes de solutions. Mohamed Aboubacar Camara, justifie d’abord la montée fulgurante de ces fléaux par certaines dispositions infrastructurelles que regorge la ville. « Vous savez que Fria est une zone minière, une zone aussi qui a certaines installations hôtelières et sportives. C’est ce qui fait que chaque week-end les gens viennent à Fria non loin de Conakry pour le loisir. Il faut aussi signaler que Fria a une longue tradition de vie disons à l’européenne. Quand les blancs étaient là, l’usine tournait il y avait une certaine commodité, une certaine aisance, avec les travailleurs bien rémunérés. Ces bonnes conditions de vie attiraient certains vices. Ce n’est pas un cas particulier à Fria. Quand il y a un îlot de bonheur quelque part, ça attire la jeunesse. Et  on sait que la jeunesse est une période d’insouciance voire de folie. Si elle n’est pas encadrée, elle peut dérouter  »   a tenté de justifier le directeur préfectoral de la jeunesse, de la culture et des sports.

La dépravation prends de l’ampleur, il faut donc sévir. En tant que premier responsable de la jeunesse le DPJ, pense que la sensibilisation reste son moyen de bord.  « Nous agissons à titre préventif. Nous sensibilisons. On a constaté qu’il se passait dans certaines installations des actes inappropriés. Au stade par exemple, certains jeunes partait fumer là-bas. On a pris les dispositions d’abord pour sensibiliser puis attirer l’attention des forces de sécurité. Parce que c’est un devoir régalien de l’État de protéger la jeunesse, préserver sa santé mentale et physique.  La sécurité intervient pour réprimer  et nous, nous sensibilisons. Nous les aidons à pratiquer les loisirs saints comme les sports »  précise Monsieur Camara.                                                         Il sollicite l’implication de chacun pour freiner le phénomène des travers sociaux à Fria.  » De façon globale, nous pouvons dire que la lutte contre ces fléaux se gagne dans une responsabilité partagée. D’abord la famille, ensuite l’État comme nous le faisons présentement »  estime t-il.

En attendant que la vie ne reprenne tous ses droits à Fria, les citoyens restent confrontés à la conjoncture dûe au faible de traitement des travailleurs de l’entreprise minière. Quand on sait plus 80% de l’emploi et des revenus des friakas dépendent de la société minière Rusal FRIGUIA.

Emmanuel Boèboè Béavogui

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