Fria : interdiction de syndicat dans l’usine « C’est une tâche noire pour la classe ouvrière » dixit la société civile préfectorale.

Dans une interview  exclusive accordée à Action Mines, le président préfectoral des organisations de la société civile parle des conditions de vie des populations, du traitement des travailleurs de Rusal Friguia et de la pollution de l’environnement par la poussière et les eaux usées de l’usine d’alumine. Moussa Bangoura représentant de la Plateforme des Citoyens Unis pour le Développement (PCUD) aborde également la vie des friakas dans tous ces aspects.

AMINES : Est ce que vous pouvez nous faire un état des lieux de l’exploitation minière à Fria ?

vous savez que Fria est une zone minière, nous avons une usine nommée Rusal qui exploite l’alumine. Depuis 2012 l’usine a eu des petits problèmes par rapport au fonctionnement lié à une revendication salariale des ouvriers, ce qui a tourné à un arrêt immédiat des activités. La reprise a été faite en 2018. De 2012 à 2018 c’était une crise totale, tous les travailleurs étaient au chômage, certains ont été licenciés. Il les a été demandé de quitter et cela a impacté pas mal de famille, des travailleurs qui étaient sous traitement à l’hôpital RUSAL.  Avec la fermeture, le traitement n’était plus assurés, nous avons enregistré pas mal de perte en vie humaine au niveau des travailleurs. Il y a eu même des divorces au sein de plusieurs couples (travailleurs). Certains étaient obligé d’aller chercher du travail ailleurs donc c’était une condition de vie très pénible. C’est suite à cela que, le gouvernement guinéen est rentré en contact avec le gouvernement russe pour pouvoir relancer l’usine, mais à vrai dire les clauses du contrat  ne sont pas favorables aux travailleurs. La reprise est effective mais pratiquement les entreprises de sous-traitances qui embauchent assez d’ouvriers ne sont plus là et cette tâche a été donnée à une autre appelée SENTA.  Les travailleurs qui étaient payé à 7 ou 8 000 000, se retrouvent maintenant entre 400 000, 500 000 francs guinéens. Donc le volume d’heure qui a commencé à la reprise c’est ce qui continu jusqu’aujourdhui au niveau de l’usine. Depuis la reprise du travail à l’usine, c’est une partie qui est rentrée, et l’autre partie est dehors. Maintenant les recrutements dépendent du chronogramme de l’entreprise SENTA. Voilà en bref la situation de l’exploitation minière.

Est-ce que vous avez une idée sur le nombre total de travailleurs existant  aujourd’hui à l’usine ?

Nous ne pouvons pas déterminer cela car, ce n’est plus par billetage qu’on paie les travailleurs. Au moment où il y avait le billetage à l’usine tous les travailleurs signaient mais aujourd’hui avec SENTA, il y a une forme de  pagaille  dans le recrutement, une anarchie qu’on arrive pas à contrôler. Certains peuvent venir aujourd’hui on dit que c’est Rusal, mais dès qu’ils font un ou deux mois et qu’ils trouvent qu’il n’y a pas de paye il se retirent. Donc l’emploi n’est pas stable. A la reprise ils avaient dit que c’est en 2020 que tout allait rentrer en ordre mais jusqu’à présent cela n’est pas faite. Nous ne pouvons pas avoir toute la maitrise de la situation.

Avant il y a avait des cadres, des ouvriers mais aujourd’hui pas de cadre, pas d’ouvrier ils sont tous mélangés en fonction de l’activité à entreprendre. Les gens vivent du jour au jour. Parceque avant  l’ouverture les gens recevaient 1 050 000 GNF, cette somme continue d’être payee, en plus s’ils payent 6000/heure et que tu fais 4 h c’est ce qu’on additionne et qu’on te donne. C’est ce qui continue à l’usine on ne peut pas avoir à notre niveau le nombre exact d’employé au sein de l’usine à Fria.

Nous aimerions aussi savoir quelle est la vie que mène actuellement les Friakas après 6 ans de crise suite à l’arrêt de l’usine Rusal Friguia ? 

Nous vivons dans la pauvreté. Fria avant il y avait plus de sept milliards (7 000 000 000) de francs guinéens qui circulaientt par mois après la paye, mais aujourd’hui il n’y a pas cinquante millions (50 000 000) de francs guinéens qui circulent, ce qui signifie que c’est la pauvreté totale à Fria. Tous les travailleurs sont devenus des démunis. Ceux qui font tourner la ville aujourd’hui, ce sont les travailleurs de l’administration, les enseignants surtout. Au niveau de l’usine pas de revenu, les gens travaillent parce qu’ils sont dans l’espoir que ça va reprendre. Le Président lors de son passage à Fria a dit qu’il n’y a pas de revendication au niveau de l’usine donc aujourd’hui il n’y a pas de syndicat des travailleurs au niveau de l’usine. Personne ne peut se lever pour dire qu’elle veut quoi que ce soit. Il n’y a pas ce mouvement au niveau de l’usine. Presque toutes les familles sont pauvres à Fria, pas de revenus. Nous vivons en fonction de ce que les femmes cherchent au quotidien. Comme vous l’avez dit les femmes ne savaientt rien faire si ce n’est se reposer sous l’écran et le climatiseur, c’était ça Fria. A chaque 12h ça sentait très bon dans toutes les familles mais aujourd’hui ce n’est plus ça. Si ce ne sont pas les familles qui ont eu la chance d’envoyer leur enfant à l’étranger.

En tant qu’acteur de la société civile qu’est-ce que vous pouvez dire par rapport à cette interdiction de manifestation que le Président a imposé aux travailleurs de Rusal Friguia ? 

Ça c’est une tache noire pour la classe ouvrière, parce que quand vous entendez une entité, il faut un groupe de syndicaliste qui analyse certaines situations pour pouvoir demander une amélioration. Mais si à l’intérieur de cette entité, il n’y a pas un groupe de ce genre, ce sont les partenaires qui en bénéficies parce que l’exploitation continue, avec la quantité d’alumine qui a augmentée. Les employés travaillent à l’usine mais le revenu n’est pas visible sur le quotidien des citoyens. Avec cette thèse les gens n’ont pas le courage de se constituer en syndicat pour une revendication.

Vous avez signifié que depuis la crise les familles sont nourries et entretenues par les femmes, qu’elle conseille pouvez-vous donner aux autres communautés qui ne vivent que des revenus miniers ?

Lorsqu’il y a eu l’arrêt, il y a un mot qui revenait souvent « Fria reconversion » cela signifie qu’il ne faut pas s’attendre seulement à l’usine. Il faut entreprendre quelques activités génératrices de revenu. Beaucoup de jeunes se sont organisés à ce niveau, nous saluons l’arrivé du nouveau préfet qui a très vite compris la volonté des jeunes, il a octroyé 50 000 000 GNF  aux jeunes. De se mettre en coopérative pour mener certaines activités génératrices de revenus, il a remis 25 motos à un groupe de jeune pour pouvoir faire des associations génératrices de revenus. L’organisation des femmes aussi en coopérative pour fabriquer du savon, faire l’agriculture, l’élevage. Nous avons ces groupements actuellement à Fria qui s’organisent par rapport au quotidien, nous avons compris que l’usine seulement ne peut pas faire tourner une vie. Fria s’est reconvertie beaucoup de ses jeunes et femmes sont dans les AGR. Ce qui a donné la vie à Fria jusqu’aujourd’hui.

Dite nous comment vivent les travailleurs de Rusal Friguia aujourd’hui ?

Selon ce qu’ils nous racontent puisque nous ne sommes pas au sein de l’usine, les travailleurs vivent difficilement, ce qu’ils reçoivent sont insuffisants. Ça ne peut pas soutenir une famille. En grande partie ce sont les entreprises qui fonctionnent dans l’usine, les ouvriers peuvent travailler pendant 4 à 5 mois sans avoir un rond comme salaire. Les gens partent à l’usine dans l’espoir que demain sera meilleur. Sinon tous ceux qui ont eu la chance de quitter Fria pour aller ailleurs, beaucoup sont parti ou beaucoup sont sur le chemin de partir.

Est-ce que vous avez des informations par rapport à des plaintes dans le cadre de la dégradation de l’environnement, de la destruction des plantations, de la contamination des eaux du côté des villageois riverains ?

Cet aspect est un peu maitrisé, et ces villages qui devraientt être endommager sont enregistrés, les dispositions sont déjà prises, il n’y a pas assez de plaintes à ce niveau. Avant il y avait la soude provenant du traitement de la boue qui affectait les activités maraichères, je crois que ces soucis sont résolus car il n’y a plus de plainte liée à cela, à ma connaissance.

Par rapport aux taxes et redevances, vous venez de dire que le nouveau préfet avait donné de l’argent pour certains groupements. Est-ce que vous savez si cet argent fait partie ou pas de la contribution des entreprises au développement local ?

Ces taxes sont payées et reparties en fonction de la préfecture et de la commune et gérer à leur niveau, nous avons tellement crié par rapport à cela mais rien à aboutie. Il y avait l’ancien préfet qui avait une gestion un peu opaque. Il y a eu beaucoup de revendications concernant ces taxes mais hélas nous n’avons eu connaissance de l’utilisation. Nous au niveau de la société civile c’est notre débat. On ne voit pas le signal de ce que l’usine donne comme redevance. Puisqu’il y a un nouveau, qui va tenir des actions il n’a pas parlé de redevance directement, mais lors d’une de ses rencontres avec la jeunesse il a dit  qu’il ne prend pas l’argent ailleurs mais qu’il a les canaux d’orientation qu’il va essayer d’exploité. Il avait commencé par l’assainissement, il a touché tous les secteurs donc on a compris qu’avec lui ça pourrait aller.

Pouvez-vous nous dire combien Fria a reçu ?

Le chiffre sont connus, je crois environ 900 000 000 GNF, mais  avoir la version réelle sur le montant qu’à reçu Fria se serait un peu compliqué pour vous. Le nouveau préfet comme il est dans la même dynamique, il pourra vous donnez le montant exact et même la fourchette. Sinon aucun membre de la société civile, aucun citoyen de Fria ne peut vous dire exactement la somme que la société donne aux autorités pour la construction des infrastructures de base.

Avez-vous quelque chose à ajouter, un conseil ?

Il y a une chose que je voulais préciser, au niveau de l’environnement, lors de l’une de vos missions vous avez constaté la fuite et bien la pollution persiste toujours et la population sollicite la bonne volonté de tout le monde pour avoir accès aux partenaires, pour que cette pollution cesse à Fria. Ce  serai une aubaine pour tout le monde, puisque nous sommes tous malades ici. Nous vous conseillons de porter vos paires de lunette et bavette à la sortir d’ici pour vous protéger contre cette pollution. Lorsqu’il y a la pluie ils allument tous les fours et la pollution augmente de plus belle. C’est une aubaine pour la population de Fria de recevoir une telle équipe qui défend leurs causes.

M.O Bah

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